La réforme des retraites, présentée par le gouvernement français le 10 janvier, repose sur une nouvelle augmentation de la durée du travail qui s’avère anti-écologique et anti-sociale. Si nous considérons les réformes des retraites de ces vingt dernières années, elles ne répondent toutes qu’à un double impératif : revenir sur la réforme de réduction du temps de travail que sont les 35 heures et promouvoir un système du travail toujours plus productiviste. Sur le premier point, force est de constater que l’allongement de la durée de la carrière, soit via le nombre d’annuités nécessaires pour toucher une pension à taux plein, soit via le recul de l’âge légal de départ à la retraite, vise avant tout à gommer les gains issus de la réduction du temps de travail. La réforme des 35h aurait ainsi dû diminuer ce temps de travail d’environ un mois par an. Avec la future augmentation du nombre d’annuités de cotisation, ce sont 36 sur les 40 mois possibles de réduction qui sont de fait « récupérés » sur le dos des salarié·es. Le recul de l’âge légal de départ à la retraite impose quant à lui une sur-cotisation à certain·es salarié·es ayant débuté tôt leur carrière. Les voilà alors bloqué·es, malgré l’atteinte effective de leurs annuités, dans des activités dont la pénibilité est de fait oubliée. Mais ce qui est le plus remarquable, c’est que cette réforme ne se place pas dans un contexte de nécessaire transition écologique. Bien au contraire, la réforme ne fournit aucune analyse de ses conséquences écologiques. Alors que l’ADEME estime que plus de 300 000 nouveaux emplois dans les secteurs de la transition écologique seront créés d’ici 2035 et près d’un million d’ici 2050, cette transformation n’est pas prise en compte dans l’estimation future du potentiel de cotisations sociales qu’elle pourrait amener. Le travail est donc considéré au travers de cette réforme uniquement dans sa forme séculaire au sein d’une économie toujours identique, tournée vers la production en croissance permanente. Cette réforme des retraites nie le besoin de transition écologique et la mise en place d’un nouveau modèle de production et de travail. L’urgence est de provoquer une redirection rapide et volontaire vers un modèle dans lequel les emplois servent la transition écologique. D’abord parce qu’il s’agit d’une nécessité vitale pour le monde. Ensuite parce que cette bifurcation écologique du travail correspond à une aspiration de plus en plus grande de la part des salarié·es qui cherchent à donner du sens à leurs activités. Nous pensons qu’il n’est d’avenir que dans un système capable de développer des solidarités non-marchandes qui privilégient la sauvegarde des biens communs et le bien-être de toutes et tous dans le respect des limites planétaires. Nous ne souhaitons donc pas d’une réforme qui, ne favorisant qu’une croissance de la production au bénéfice d’une minorité, contribue à détruire les écosystèmes et les vies des travailleur·euses. Le Printemps écologique 💚